« Ali Baba et les 40 voleurs » Par Thierno Diop

 

Depuis ce matin, le narratif des pseudo-panafricanistes dakarois se gargarise de ragots autour de l’actualité liée au coup d’Etat au Gabon.

Que de coups d’éclat dans les discours enflammés teintés d’anachronismes ! Autant écrire des coups d’épée dans l’eau !

Le propre de la pensée unique est de vouloir porter un manteau givré sous le soleil alors que ce prêt-à-porter idéologique ne s’acclimate pas sous nos tropiques, par cette chaleur infernale où il vaut mieux mettre des sous-vêtements pour être de saison.

Ils en oublient que c’est du Gabon, au mois de mars 2023, que le président français Emmanuel Macron a décrété la « fin de la Françafrique ». 

« L’âge de la Françafrique est révolu », a déclaré jeudi 2 mars Emmanuel Macron au Gabon où il participe à un sommet sur la protection des forêts tropicales.

Par son phrasé pléonastique, le locataire de l’Elysée n’a fait que désigner un lieu commun, puisque depuis l’accession de Bongo-fils au plus haut destin politique, la diplomatie gabonaise s’est ouverte à des économies émergentes comme le Maroc et la Chine, au détriment du partenaire traditionnel, cette France descendante et condescendante, qui ne cesse de perdre du terrain dans sa sphère d’influence africaine, au point de draguer des pays non-francophones comme le Nigéria, l’Angola ou encore le Mozambique. 

Le Gabon, pour mémoire, a été pendant longtemps un pilier des relations entre la France et l’Afrique. Mais dans ce pays l’étoile tricolore commençait à pâlir avec la mort programmée de la Françafrique officielle. 

Un autre exemple de ce changement de cap : le Gabon a rejoint le Commonwealth depuis juin 2022. 

En clair, les planètes sont alignées autrement depuis les lendemains du décès de Omar Bongo pour un remodelage sur l’axe Paris-Libreville. 

Le président Ali Bongo n’est pas cette marionnette inféodée à la France et il serait incongru d’attaquer sa chute par le prisme de la Françafrique qui n’offre pas une grille de lecture pertinente. 

« Il faut croire qu’il y a beaucoup de personnes qui vivent dans le passé (…) Il s’en trouve toujours pour nous ramener en arrière. Quand je dis que je ne connais pas la Françafrique, je ne connais pas la Françafrique », a recadré Ali Bongo, parlant de l’avocat Robert Bourgi, qui n’est plus bien en cour à Libreville.

En 2014, déjà le logisticien Bolloré connait une mésaventure au Gabon, pour cause de non-respect de ses engagements financiers. Il a été contraint, à la suite d’un accord trouvé avec Libreville en 2017, de partager des activités de manutention sur le New Owendo International Port (NOIP).

Ce n’est donc pas surprenant que la Chine se soucie de la sécurité de Ali Bongo, juste après le putsch, pour avoir appelé mercredi «les parties concernées» au Gabon à «garantir la sécurité» du président Ali Bongo Ondimba, après le coup d’État militaire survenu dans ce pays d’Afrique centrale riche en pétrole.

«La Chine suit de près l’évolution de la situation au Gabon et appelle les parties concernées à agir dans l’intérêt fondamental du peuple gabonais», a commenté un porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin, interrogé lors d’une conférence de presse.

La dernière visite de Ali Bongo à Pékin remonte au mois d’avril dernier. 

Le président chinois Xi Jinping l’avait alors qualifié de «vieil ami» de la Chine et avait salué ses «importantes réalisations» en matière de développement.

Un autre acteur qui s’est beaucoup rapproché de Libreville durant ces dernières années : Washington. 

En définitive, Paris doit bien – l’ennemi de mon ennemi est mon ami – ironiser sur cette triste fin de la saga des Bongo. 

" Qu’ils s’appellent Français, Russes, Américains, ou Anglais, ils sont tous des colons venus nous déposséder des ivoires de nos côtes d’ivoire, avec la complicité de dirigeants corrompus qui ont fini par se faire détester des jeunesses africaines. Arrêtons d’attribuer nos torts aux autres ! Soyons responsables de notre situation, le monde est ainsi fait que les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts à défendre. 

Par Thierno Diop, 

chroniqueur à l’émission Digg Penc (SansLimite)

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