« A quel Idrissa Seck se fier : Du pouvoir ou de l’opposition » Par Birama Thior

 

Après un premier rendez-vous repoussé sine die, le leader du parti Rewmi Idrissa Seck a finalement tenu ce vendredi 14 avril sa conférence de presse tant attendue par nombre de sénégalais eu égard au contexte socio-politique qui n’affiche pas une réelle lisibilité pour la présidentielle du 25 février 2024.

Si l’attente a été longue pour, in fine voir devant les caméras, le candidat arrivé deuxième à l’élection de 2019, il en fallait autant ou presque pour suivre le speech du manitou qui oscille entre sa carrière au sein du Parti Démocratique Sénégalais à la coalition Benno Bokk (Bby) de Macky Sall en passant par le Rewmi dont il est le patron et Ousmane Sonko de Pastef.

Près de trois tours d’horloge ! C’est le temps qu’aura duré la conférence de presse d’Idrissa Seck. Un rendez-vous pris avec la presse nationale et internationale et qui augurait « du lourd » à l’image du « conférencier ». Mais au bout du compte, que retenir de ce qui s’avère un long métrage pour lequel il fallait une véritable carapace pour ne rien rater sous le coup du sommeil ? Trois choses !

Le patron du Conseil Economique Social et Environnemental (CESE) confirme sa visite qui se susurrait chez le leader du Pastef Ousmane Sonko, il annonce sa candidature dans le clair-obscur et en fait pareil pour la troisième candidature de Macky Sall suspendue sur toute les lèvres.

Suffisant pour que beaucoup d’observateurs et de journalistes friands d’informations et par dessus-tout de scoops en déduisent que la montagne aura accouché d’une souris. Mais de quel souris ? Voyons-voir.

Au sortir de la présidentielle de 2019, Idrissa Seck qui arrivé deuxième (20,50 %) derrière Macky Sall (58,27 %) avait pris, peu de temps après, la décision à la surprise générale ou presque de rejoindre le président qui venait d’être réélu sous la fameuse formule du « Mburu Akk Soow » dans la coalition présidentielle Benno Bokk Yaakaar. Son électorat n’a pas été le seul a ressentir la gifle.

L’Opposition aussi, au premier rang duquel Ousmane Sonko qui arriva troisième derrière lui (15,67 %) et de surcroit avec qui « Seck Ndanaan » a tenu une déclaration fatidique au Point-E pour annoncer qu’ils ne reconnaissaient pas la victoire du président Macky Sall au soir du 24 févier. A noter que Issa Sall (4,07%) et Madické Niang (1,48 %) ont pris part à cette rencontre. 

Quid des clauses qui lient les partisans du « Mburu Akk Soow ». Mystère et boule de gomme ! La « promesse » reste dans leur jardin secret jusqu’au moment où ces lignes sont couchées. Si d’aucuns estiment que c’est contre rondelette somme certains rigoristes soutiennent tout bonnement la promesse du dauphinat de Macky Sall, raccourci pour Idrissa Seck pour accéder aux lambris dorées du palais de la République en 2024.

Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis la signature, en 2020, du décret portant le leader du parti Rewmi à la tête du Conseil Economique Social et Environnemental (CESE) en remplacement d’Aminata Touré. Le jeu de dupes entre Macky et son alliée du Rewmi est un secret de polichinelle.

Il suffit de tourner le regard sur le « troisième mandat » de Macky Sall pour se rendre vite à l’évidence. Le locataire du Palais de Roume qui rend tabou la question en dit long sur ses ambitions inavouées. Mystère que Idrissa Seck de percer depuis la toute dernière tournée de Macky Sall à Thiès. « Il me reste à présent pour conclure, monsieur le président de la République, d’adresser une prière à votre endroit. 

Qu’il plaise au Seigneur des mondes de continuer à raffermir vos pas, à dilater votre poitrine, pour que vous acceptiez toutes les critiques. Celles qui sont contributives, comme celles qui sont abusivement injustifiées. C’est une des exigences du leadership et vous en êtes un remarquable. 

Qu’il continue d’apaiser votre cœur, de fortifier votre esprit pour que les choix futurs que vous aurez à faire puissent vous valoir un parachèvement de votre parcours déjà exceptionnel d’une telle beauté qu’il n’y aura pas d’autre choix que de vous garantir après une longue et heureuse vie auprès des vôtres une mention honorable sur les langues de la postérité », avait déclaré Idrissa Seck à Thies, à l’occasion de la toute dernière tournée économique du chef de l’Etat dans la capitale du rail.

Il vient d’en rajouter une couche lors de sa conférence de presse de ce vendredi 14 avril en indique que seuls les citoyens n’étant pas âgés de plus de 35 ans, ceux n’ayant pas de certificat de nationalité sénégalaise et ceux ayant fait deux mandats consécutifs ne peuvent pas être candidat à une élection présidentielle. N’est-ce pas prolixe ?!

L’affaire est d’autant plus alambiquée que cette alliée de l’Alliance pour la République (APR) et leader du parti Rewmi a dit hier, à qui veut l’entendre, qu’il souhaite et soutient la candidature de Ousmane Sonko, principal opposant de Macky Sall à la présidentielle de 2024. L’on serait juste tenté de se demander si le théoricien du « Mburu Akk Sow » veut à la fois être au pouvoir et à l’opposition. S’il ne l’est déjà pas. 

Idrissa Seck a tout intérêt à clarifier, sous peu, sa position entre l’opposition et le pouvoir au risque de partir de voir la suite de sa carrière politique voler en éclats. 

Une clarification qui s’avère une tache ardue pourvu, qu’à moins de dix mois de la présidentielle du 25 février 2024, Macky Sall maintienne encore le flou sur sa candidature, Ousmane Sonko ayant deux bonds à faire pour valider le ticket de sa participation à la compétition : les procès contre Mame Mbaye Niang et Adji Rabi Sarr. 

Par Birama Thior, journaliste

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