un homme, personne ne lui trace le chemin qu’il emprunte ! Par Mary Teuw Niane

 

Je médite encore les mots forts, un soir, entre takusaan et timis, sous l’ombre des arbres que le soleil couchant étire, que mon grand-père Buubu Kumba prononça. Il dis cette sentence sans réplique :

– gorko hay gooto diidanta ɗum bolol ɗo rewata ! 

En français : 

– un homme, personne ne lui trace le chemin qu’il emprunte ! 

Cette assertion qui plonge ses racines dans le libre-choix, la liberté du pasteur solitaire, le berger au milieu de la savane entre étoiles et terre, est d’une actualité criante aujourd’hui dans notre pays, à la croisée des chemins.

Ils sont nombreux parmi mes amis, certains très généreux, d’autres tyranniques, à m’intimer l’ordre de suivre La voie royale, l’unique voie raisonnable, mon alignement derrière leur Choix, le seul possible. 

Ils font fi de Ma Liberté, ma capacité de penser, mon sens du discernement, mes connaissances, mes compétences, mon expérience, etc.

Je suis toujours surpris par la témérité, la naïveté et l’inconscience de certaines personnes qui font irruption de temps en temps dans ma page Facebook pour m’intimer l’ordre de suivre un tel homme politique, de m’exprimer sur tel fait politique, de dire exactement ce qu’elles pensent pour conforter leur choix.

Pour des bacheliers, je me pose la question qu’ont-ils retenu de leur cours de philosophie sur la liberté? 

Pour des étudiantes et des étudiants, ont-ils perdu la culture de l’esprit critique fondement des études universitaires ?

Ou tout simplement ont-ils oublié les valeurs de tolérance, de respect de la pensée de l’autre qui est le ciment de notre vivre-ensemble ?

L’assertion de mon grand-père, Buubu Kumba, d’il y a un demi siècle, est pleinement actuelle.

En effet, dans cette période de tension politique extrême, le plus facile, le plus apaisant est de s’aligner, manu militari derrière un camp, derrière un leader, de le soutenir aveuglément.

Qu’ils soient le Président de la République ( qui doit rendre définitivement son tablier à la fin de son mandat) ou bien des leaders de l’opposition, aucun d’entre eux n’est prophète encore moins Dieu pour soumette toutes les intelligences à ses genoux.

Il y a une quinzaine d’années les laudateurs du Président Abdoulaye Wade avaient inventé la notion de « Unique Constante » pour inculquer dans la mentalité sénégalaise la déification de l’ancien Président de la République. Comme tout le monde le sait, le ballon de baudruche s’était tragiquement dégonflé !

Le Sénégal est un pays magnifiquement miraculeux.

Il est un pays de tolérance qu’aucun pouvoir autoritaire ne pourra soumettre, un pays de liberté de choix qu’aucune coercition intellectuelle ne pourra anéantir! 

Personnellement, j’ai choisi, en mon âme et conscience, mon chemin.

J’ai choisi la voie adossée à nos meilleures valeurs morales et éthiques, à la promotion de la connaissance et de la compétence et qui préserve la paix et la stabilité sociale.

Je respecte le choix de chaque citoyenne et de chaque citoyen.

Mon intime conviction est qu’il ne revient pas au Président de la République de choisir les candidats à la présidence de la République.

La pluralité de candidats est une chance pour le Sénégal. 

Seul le peuple est compétent, sous la forme définie par la Constitution, de décider du choix de notre Président de la République.

Je vous souhaite une excellente semaine sous la protection divine.

Dakar, lundi 20 février 2023

Par Mary Teuw Niane

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