Sénégal, une économie taillée à la mesure des firmes multinationales Par KHADIM NGOM

 

Pour paraphraser les propos de Lamartine « honte à qui peut chanter pendant que notre économie brûle ». Cette assertion montre la contradiction qui existe dans les chiffres et la réalité de ce que nous vivons sur la croissance économique.

Le Sénégal est perçu aujourd’hui comme État jeune en plus construction qui dispose dans son territoire tous les ressources naturelles qui lui permet de développer son économie et jeter les bonnes bases d’une émergence inclusive et participative.

Il convient de préciser, une économie ne peut pas se développer sans entreprises et, seules les entreprises peuvent créer de richesses. Partant sur ce postulat, aucune économie n’est développée grâce à des entreprises étrangères.

Les politiques économiques et financières de l’État semblent être moins efficace. Cette situation est due sous l’effet conjugué de plusieurs facteurs que sont le mode de financement des infrastructures et le manque de patriotisme économique.

« En Afrique, le déficit en infrastructure reste très élevé » tels sont les propos du Président Sénégalais Macky SALL en marge du sommet sur le Financement des Infrastructures en Afrique, tenu à Dakar le 02 février 2023. Selon le rapport de la FMI en 2022, 13 pays africains étaient en situation de surendettement et 43 présentaient un risque élevé de surendettement.

D’après de nouvelles estimations de la Banque africaine de développement, 130 à 170 milliards de dollars par an seraient nécessaires au développement des infrastructures du continent, avec un gap de financement de l’ordre de 68 à 108 milliards de dollars.

Ces chiffres sont beaucoup plus élevés que les estimations précédentes, publiées par l’Agence française de développement et la Banque mondiale, qui estimaient les besoins annuels à 93 milliards de dollars. Ce lourd fardeau de la dette pèse sur les Finances Publiques et menace de réduire la capacité des États africains à orienter les fonds vers des projets de développement économique et social.

En 2020, les économies développées n’avaient consacré que 0, 06% de leur RNB à l’aide publique au développement en faveur des pays sous-développés, elles n’avaient pas atteint ou dépassé l'objectif de l'ONU de 0,7 % d'APD. Face à ces statistiques, il apparait donc nécessaire d’opérer un changement fondamental dans la composition des flux de ressources en exploitant des sources de financements innovants.

Le secteur privé apparait aujourd’hui comme un acteur majeur dans le secteur des infrastructures. Le recours au financement privé permet en partie de contourner les critères de convergence des espaces communautaires.

Pour ce faire, de nouveaux schémas contractuels ont été imaginés. Ce sont les Partenariats Public-Privé. En effet, dans l’espace de l’UEMOA plusieurs réglementations ont prévu un régime spécifique englobant le phénomène des PPP. C’est dans ce sens, qu’au Sénégal, la loi n° 2021-23 du 02 mars 2021 relative aux contrats de partenariat public-privé a été adoptée.

Un contrat de partenariat public-privé peut être défini comme un contrat écrit, conclu à titre onéreux pour une durée déterminée entre une autorité contractante et un opérateur économique, qui est selon son objet, les modalités de rémunération du titulaire et les risques transférés, qualifié de contrat de partenariat public-privé à paiement public ou de contrat de partenariat public-privé à paiement par les usagers selon le cas. 

Le partenariat public-privé (PPP) est donc un mode de financement par lequel une autorité publique fait appel à des prestataires privés pour financer et gérer un équipement assurant ou contribuant au service public.

 Le partenaire privé reçoit en contrepartie un paiement du partenaire public ou des usagers du service qu'il gère. Ce mode de financement est présent dans de nombreux pays africains et est dans une phase d’opérationnalisation.

C’est un outil assez intéressant parce qu’il permet de faire des montages juridico-financiers entre le secteur public et le partenaire privé pour la réalisation d’une infrastructure de types sociales ou économiques.

" Aujourd’hui face à la réduction de l’APD, le secteur privé devient de plus en plus un acteur incontournable dans le financement des infrastructures des États africains. A ce titre, le privé crée des emplois, contribue aux recettes fiscales et fournit des biens et services qui améliore la qualité de vie des citoyens. 

" Il y’a lieu donc de repenser le cadre de financement classique des infrastructures et de profiter des potentialités qu’offre le secteur privé en termes de ressources mais aussi d’ingéniosité.

La gouvernance économique et financière de nos États actuels est fortement dominée dans la sous-région, dans le continent voire même dans le monde par l’appropriation des concepts de la préférence nationale et du contenu local comme moteur de la croissance économique inclusive. Ce challenge international de l’économie tire son soubassement dans le patriotisme économique, est incarné aujourd’hui par le CLUB 50% de la PREFERENCE NATIONALE (C50%PN) dont Abdoulaye Sylla de ECOTRA est le Président.

Cette association, de défense des intérêts du secteur privé, est le seule entité pour la première fois de l’histoire du Sénégal qui constitue le rempart d’une économie extravertie.

Elle réclame à ce que les 50 % de la commande publique soient réservées aux entreprises du secteur privé national. Un combat de principe, de légitimité, d’honneur mais aussi de patriote qui doit transcender les clivages politiques, faire taire les intérêts personnels pour que l’économie de notre pays soit « Sénégalisée » et récupérer notre souveraineté économique et financière. 

KHADIM NGOM ; 

Consultant Juridique.

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