Détournement de 6 milliards: Orabank, sur les traces d’une mafia

 

Le détournement de 6,343 milliards à Orabank révèle un banditisme financier sans précédent bâti sur un système où tout est leurre. Deuxième volet de nos révélations exclusives. 

Libération révélait que la somme provisoire de 6.343.420.872 FCfa a été détournée à Orabank à travers un procédé impliquant une kyrielle de sociétés. L’entreprise Sam Sam Sarl, gérée par l’opérateur économique Moussa Ndiaye, est au cœur de ce scandale tout comme St2cs Sau (Serigne Abdoul Diouf), Az transport Sau et Az-Afrique agro-business sarl (Ahmed Sèye), Sengoci Sarl (Moustapha Niang), Sen commerce général sarl (Mouhamadou Abib Diop), Comptoir commerce Cat Sarl (Cheikh Tidiane Diop) et Cogepa (Abdoulaye Sall). Toutes, ses sociétés, qui détiennent des comptes ouverts dans les livres d’Orabank, avaient bénéficié de crédits immédiats après avoir créé des flux financiers entre elles à travers des chèques revenus sans provisions.

Selon les informations de Libération, quand il a été interpellé par Orabank avant le dépôt de la plainte, Moussa Ndiaye a prétendu que les sommes tirées des chèques reçus de ses supposés clients notamment la Compagnie de commerce et d’Industrie Sa, Tiema Transit Sarl et Sogeci company Sa étaient destinés à l’achat d’huile à un prix intéressant, puis à la revente pour réaliser ainsi des marges importantes alors que la situation des comptes des tirés ne permettent pas la couverture de l’ensemble des chèques remis à l’encaissement avec crédit immédiat, lesquels ont du reste tous fait l’objet de rejet pour défaut de provision à la même période.

Problème : les premières opérations au crédit avec des montants importants ont été faites pour l’essentiel suivant virements et chèques remis à l’encaissement dans le but de donner l’apparence d’opérateurs solvables.

Par la suite, les mis en cause ont commencé à solliciter des remises de chèques avec crédit immédiat et procédé à des retraits d’espèces qu’ils prétextaient remettre à leurs prétendus fournisseurs mais qui, en réalité, servaient à rembourser les emprunts antérieurs de leurs complices et co-auteurs.

Ayant amadoué leur chargé de compte, les mis en cause ont commencé à multiplier les transactions sur une période de quatre mois faisant ainsi croire que leurs activités étaient florissantes avec des mouvements créditeurs de plus de 40.588.095.187 FCfa sur les différents comptes ouverts à Orabank Sénégal.

 Ce procédé n’était en fait qu’un écran servant à dissimuler des opérations commerciales et de faire passer pour des gains des sommes issues de nouvelles remises de chèques avec crédit immédiat contracté par les mis en cause.

À preuve, Sam Sam Sarl et Sen commerce général Sarl ont passé entre elles ce type d’opérations. La société Sen commerce général Sarl a d’ailleurs pu obtenir des escomptes de traites de complaisances tirées sur Sam Sam Sarl pour un montant de 200 millions de FCfa en l’absence de toute valeur financière et qui sont d’ailleurs revenues impayées.

Enfin, la société Acomix Sau, qui est intervenue aussi dans les opérations frauduleuses, a pour actionnaire la société Dabakh business Sarl détenue à 100 % pour l’épouse de Moussa Ndiaye. Elle partage d’ailleurs le même siège social que Tiema Transit – que Moussa Ndiaye avait présenté comme une cliente – et Sam Sam Sarl. Selon nos informations l’enquête de la DIC a révélé que certaines sociétés en cause seraient des prête-noms. Déjà que toutes les personnes concernées sont nées dans la même zone (entre Thiès et Tivaouane). Et mieux, Ahmed Sèye qui serait le dirigeant d’Az transport Sau et Az-Afrique agro-business sarl par exemple n’a que… 24 ans.

Il est clair que cette mafia n’a pu dérouler son plan machiavélique que grâce à des complicités internes. C’est la raison pour laquelle d’ailleurs le Comité de crédit de la banque a été tout simplement démantelé. 

Libération

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