Fass: la population à la recherche désespéré de l'eau

 

Le quartier très populaire de Fass ne voit plus le liquide précieux depuis plusieurs jours. Une situation qui empêche les populations d’accomplir les besoins les plus élémentaires pendant cette période de canicule. Au moment où d’autres se désolent du surplus d’eau avec des fortes pluies qui créent, ces derniers jours, des inondations presque partout à Dakar, les habitants de Fass déplorent, eux, un manque « récurrent » d’eau. Reportage.

15 heures, ce lundi 8 août, jour de Achoura ou Tamkharit pour le commun des Sénégalais, dans le populeux quartier de Fass Avec le soleil qui darde ces rayons, la plupart des habitants sont à l’abris. Dans les rues, on peut croiser de petits groupes formés çà et là, comme d’habitude dans ces contrées, réputées très animées.

Situé entre les localités de Gueule Tapée et Colobane, Fass vit, par cers temps qui courent, des moments « difficiles » pour ses résidents. Cette situation est particulièrement due à un manque d’eau récurent, au moment où l’eau pose problème un peu partout à Dakar. « Depuis trois jours, nous manquons d’eau.

Cette situation est en train de persister. Nous souffrons énormément de ce calvaire », déplore Bintou Diagne, habitante de Fass depuis plus d’une trentaine d’années. Assise devant son petit commerce achalandé sur une table, Bintou est mère de famille. Le manque d’eau l’importune depuis des jours, « surtout pour une maman qui doit s’occuper des tâches domestiques et prendre soin de la propreté des enfants et de la maison », renseigne-t-elle, désolée. Avant d’ajouter « je ne sais pas exactement la vraie cause de ce manque d’eau, mais l’on dit que c’est dû aux travaux du BRT (Bus Rapide Transit). De toutes les façons, nous vivons des moments difficiles. Les autorités doivent s’enquérir de notre situation ».

Au cœur du quartier, la circulation n’est pas si dense. Les moteurs et klaxons des quelques véhicules qui s’y passent, animent temporairement l’atmosphère. Résident de la localité depuis moins d’un an, Abdoulaye Diallo constate, avec amertume, ce manque d’eau « récurrent »,devant ses amis, avec qui il tenait une discussion.

« Cette situation est déplorable. Depuis plus de quatre jours,, le liquide précieux reste introuvable. Nous devons nous réveiller à l’aube , juste pour trouver de l’eau dans les zones environnantes », fait savoir l’originaire de Matam. « Vous voyez cette bouteille, nous indexant un récipient de cinq litres à côté, on paie 50 francs pour le remplir. En outre, Il faudra se déplacer jusqu’au marché Fass pour trouver ce liquide », renseigne Abdoulaye Diallo, la voix posée.

« C’est la même routine depuis quatre jours. Même pour se laver le soir après la descente, il faut sillonner le quartier à la recherche du liquide précieux », ajoute-t-il, aiguille à la main pour coudre un talon de chaussure.

Les habitants de Fass déplorent cette situation qui leur prive d’accomplir les besoins les plus élémentaires. « Nous devrons puiser chaque jour de l’eau dans des puits existants depuis des décennies. Ce qui n’est pas sans conséquence », renseigne Bintou Diagne, mère de famille. 

Dans son boubou jaune-noir usé, elle souligne que « l’eau de puits n’est pas totalement potable. Nous ne pouvons pas l’utiliser pour boire ou d’autres soins. Malgré tout, c’est notre seule alternative pour le moment ».

Situé dans le sud-ouest de la capitale, la commune de Gueule Tapée-Fass-Colobane est riche de plus de 67 mille habitants, d’après un recensement effectué en 2022, sa population est projetée à 72 587 en 2025. La localité de Fass y occupe une place importante dans cette structure démographique. 

Des projections qui devront surement prendre en compte la question de l’eau en corrélation avec l’explosion démographique au sein des ménages.

Badara Soung, lui est laveur de voiture depuis 2020 dans le quartier de Fass.

L’eau, incontournable pour son travail, il constate, avec désespoir, une situation qui l’empêche de faire convenablement son travail. « Le quartier est habitué à ces genres de situation. Je travaille constamment avec de l’eau. Je ne peux entretenir les véhicules sans ce liquide incontournable », fait constater le laveur, pantalon bleu et maillot vert.

Il précise : « depuis le début de ce calvaire, nous ne profitons plus de notre travail comme avant. Après toute la journée, je pouvais avoir un gain de 5 à 10 mille francs, maintenant c’est presque impossible ».

Avec le manque d’eau et le fait d’en chercher à chaque instant, « le lavage devient plus lent. Ce qui réduit conséquemment notre chiffre d’affaires », informe Badara, sur un ton plus bas.

En outre, les responsables de la « Sen’eau » ne souhaite pas apporter des éclaircissements sur la question. La cellule communication de la société n’a donné aucune suite à nos différentes sollicitations.

Ainsi, au moment où la circulation, la quiétude des habitants sont ébranlées par de récentes précipitations avec des excédents d’eau qui ont causées d’énormes dégâts : des morts enregistrés, des quartiers entièrement dans l’eau, des autoroutes coupées, créant des embouteillages dans la capitale.

Le quartier Fass ne voit plus ce liquide précieux. Une population « désespérée » qui part quotidiennement à sa recherche, constitue la routine depuis quelques jours. Emedias.sn

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