Journée mondiale des océans: Greenpeace Afrique s'attaque à l’industrie de la farine et de l’huile de poisson

 

La Journée mondiale des océans est célébrée ce mercredi 8 juin. Dans un communiqué, Greenpeace Afrique exige des mesures contre l’industrie de la farine et de l’huile de poisson « pour éviter une crise humanitaire ». D’après le document, les communautés de pêcheurs et les groupes de la société civile d’Afrique de l’Ouest s’uniront aujourd’hui « dans une démonstration de force » contre l’industrie de la farine et de l’huile de poisson (FMFO) et les autorités qui l’ont favorisée.

« Alors que les prix des denrées alimentaires s’envolent en raison des profits réalisés par les entreprises dans le cadre de la guerre en Ukraine, et que les chiffres récents du Réseau mondial contre les crises alimentaires montrent que plusieurs millions de personnes sur les côtes d’Afrique de l’Ouest ont déjà atteint un niveau d’insécurité alimentaire proche de la "crise", la coalition attire l’attention sur le poisson qui devrait nourrir les Africains de l’Ouest et créer des emplois dans la région au lieu d’être pêché par des chalutiers industriels pour nourrir les poissons d’élevage, le bétail et les animaux domestiques dans les pays riches », pestent les organisateurs. Qui ajoutent qu’ « au Sénégal, les pêcheurs et les femmes transformatrices de poisson se réuniront dans les centres de débarquements de pêche artisanale le long de la côte du pays afin de protester contre le refus du gouvernement de protéger les stocks de poissons du pays et les communautés qui en dépendent. »

Par ailleurs, « une manifestation maritime, à Joal, mettra en scène une flotte de pirogues de pêche portant deux grandes bannières. En Gambie, une caravane de groupes environnementaux fait le tour des usines qui prennent le poisson et le transforment en farine et huile de poisson. Et en Mauritanie, l’ONG Zakia organise une journée de sensibilisation mettant en évidence les dommages écologiques causés par les usines de FMFO, qui menacent davantage les stocks de poissons de la région ».

« Que des personnes vivant sur les côtes de ces trois pays agissent avec une telle unité contre les usines de farine de poisson - c’est quelque chose de vraiment nouveau, et c’est enthousiasmant. Cela montre à quel point nous sommes en colère - et à quel point nous sommes organisés », a déclaré Fatou A. Jeng, une militante de l’Alliance environnementale de Gambie. Des sentiments partagés par les communautés côtières de la Mauritanie, où se trouvent de « nombreuses usines » qui fabriquent de la farine de poisson à partir des ressources de la région. « Les autorités ont autorisé la construction d’un très grand nombre d’usines de farine et d’huile de poisson le long de notre côte, a renchéri Mansour Brahim Boyda, de l’ONG mauritanienne Zakia. Nous disons aux grandes entreprises comme EWOS/Cargill, Mowi, Skretting, BioMar : ne touchez pas à nos poissons. Et nous disons au gouvernement : s’il vous plaît, arrêtez les usines avant qu’il ne soit trop tard ». 

Le Dr Aliou Ba, responsable principal de la campagne Océans de Greenpeace Afrique, de souligner que les problèmes structurels à long terme qui sont à l’origine de l’insécurité alimentaire : « Le gouvernement du Sénégal ne peut pas seulement imputer les récentes augmentations des prix des denrées alimentaires à la guerre en Ukraine, alors qu’il laisse encore les grandes entreprises transformer du poisson comestible en farine et le vendre à l’étranger comme nourriture pour poissons et animaux d’élevage. »

Ainsi, « pour éviter une crise humanitaire, ces pratiques doivent cesser maintenant. Et pour reconstituer la vie marine et s’assurer que tout le monde puisse profiter de la mer, nous avons besoin d’un traité mondial des Nations unies sur les océans. Celui-ci pourrait permettre de protéger au moins 30 % des océans du monde d’ici à 2030 grâce à un réseau de sanctuaires marins, recommande Greenpeace. Qui rappelle que le dernier rapport du Réseau mondial contre les crises alimentaires, rédigé avant que l’impact de l’invasion de l’Ukraine sur l’insécurité alimentaire ne puisse être ajouté aux prévisions, prévoyait qu’entre juin et août 2022, 3,9 millions (22 %) de personnes au Sénégal connaîtraient des niveaux de "stress" d’insécurité alimentaire (indiquant une consommation alimentaire suffisante minimale, selon le classement de l’insécurité alimentaire par l’IPC), tandis que 0,9 million (5 %) de personnes connaîtraient des niveaux "de crise" (indiquant une consommation alimentaire insuffisante modérée).

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