Jusqu'à quand vivrons-nous en marge des normes ? Par Wagane Faye

 

Le spectacle qu’offre notre pays à l’Afrique et au reste du monde n’honore personne. Tant les actes posés ici et là jurent d’avec le bon sens et la logique. Et, paradoxalement, c'est comme si de rien n'était.

Cependant l'histoire de l'Afrique, de notre pays est illustrée de pages glorieuses. Où de grandes figures ont préféré la mort au déshonneur. Des pères de famille sont allés au devant des périls pour en préserver les leurs . À la bataille de Korofina quand Ahmadou Cheikhou était assiégé à Médine Alboury Ndiaye a donné l'exemple. Alors en exil il a sacrifié deux colonnes de son armée pour protéger le repli du marabout. Préservant, ainsi, l'héritage d'Elhadj Omar Tall.

On s'arrête, volontairement, ici bien que les exemples de ce type soient loin d'être épuisés.

Nous vivons dans ce pays que nous ont légué ces valeureux devanciers qui mettaient les intérêts de la patrie au-dessus des leurs. Ils sont nos ascendants. Cela devrait se sentir dans tous les actes que nous posons au quotidien. Mais est-ce le cas ?

Par l'impôt de nos parents paysans et autre gagne petit ( les plus pauvres) le pays a pu bénéficier d'infrastructures, de services sociaux de base qui ont permis, un tant soit peu, de former, d'encadrer de soigner ses filles et ses fils qui prendront en charge, demain, les destinées du pays.

Celui qui écrit ces lignes a bénéficié de ces services . Lui, les générations qui l'ont précédé et celles qui ont suivi. Nous allons y revenir. La politique est quelque part définie comme la gestion des affaires de la Cité.

Mais faire la politique, tout en restant un art, doit offrir aux citoyens le moyen le plus sûr de s’émanciper civiquement et humainement. 

Mais depuis plus d'une dizaine d'années il existe au SENEGAL, une nouvelle race de politiques, dans les deux camps, sans foi ni loi, qui cherche à se pré positionner en mettant entre parenthèses l’éthique et la déontologie. Et là c’est la démocratie participative qui risque d’en souffrir atrocement.

Ces deux dernières années ravissent la palme de ces inepties en série aux précédentes. 

Des ministres, des députés, des Commis de l’État mettant en avant leur égo s’adonnent à des combats de coqs. S’ils n’envahissent pas les plateaux de télévision en présentant la pire image du pays. Désacralisant la mission de l’État, ignorant ou faisant fi du dédoublement fonctionnel. D’autre part, des Sénégalais pensent que la querelle , le terrorisme intellectuel et l’insulte peuvent mener à la consécration. Nous avons l’impression qu’ils ne pensent pas qu’ils peuvent, un jour, être amenés à gérer les affaires du pays. Tant leur démarche jure d’avec tout ce qu’on a l’habitude de voir.

Et on s’en donne à cœur joie. Dans la peur ou l’indifférence générale.

Ce qui est dramatique dans un pareil tableau c’est que cela déteint, à la longue, sur le citoyen lambda et, surtout, sur nos enfants, sur nos disciples. L’étudiant qui a arraché le micro au professeur d’université et les collégiens qui ont saccagé leurs écoles entrent en droite ligne des effets collatéraux de cet état de fait. S’y ajoutent des manifestations en réaction à des mesures légales de sauvegarde de l’environnement ou de salut public que des individus refusent en prétextant l’exercice de leur liberté.

Au début du magistère de Wade un chauffeur de Ndiaga Ndiaye avait 'ignoré" l'injonction de la Flèche du cortège présidentiel. Par sa faute un gendarme de l'escorte trouva la mort. La machine judiciaire, le plus naturellement du monde, se mit en marche. Et le chauffeur écopa de cinq ans de prison. Les transporteurs se mirent en grève, prétextant que la sanction était trop lourde ! Vous avez bien lu.

En 2007 parce qu'on a voulu désengorger Dakar au vu de l'occupation anarchique des rues par les " marchands ambulants" ces derniers se révoltèrent. Brûlant, pillant, saccageant tout sur leur passage. Sans aucune mesure disciplinaire ! On passa à pertes et proflts tout ce qu'ils avaient détruit.

Sans compter les dérives verbales, les injures qui s'installent de nos jours dans les réseaux sociaux avec leurs stars et leurs spécialistes. Si on nous présente comme modèles des contre modèles ne soyez pas étonnés que des câbles de signalisation d'un TER, malgré tout, si utile soient vandalisés.

Jusqu'à quand va-t-on laisser faire ?

Ce pays est le nôtre. Il sera ce que nous en ferons.

 Wagane Faye

 Professeur d’anglais

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